Migraine, la donne a changé 

Publié le 28/11/2024
  • Prévention

Après une quinzaine d'années de stagnation, de nouvelles avancées dans la compréhension de la migraine et l’arrivée de traitements inédits apportent un soulagement à une majorité de personnes souffrant de migraines sévères.

Vers une meilleure compréhension des migraines

La migraine, longtemps négligée par la médecine, a vu l’apparition de traitements ciblant les crises – comme les triptans – dès les années 2000. Cependant, les récentes découvertes sur les mécanismes de cette maladie ont permis de développer des traitements plus efficaces, déjà disponibles ou en cours de lancement.

Malgré les bienfaits des triptans, un nombre important de migraineux chroniques ne trouvait toujours pas de soulagement. Cela a conduit à une révision des recommandations de prise en charge en France, publiées en février 2023 sous l’égide de la Société Française d’Études des Migraines et Céphalées, dirigée par le Pr Anne Ducros du CHU de Montpellier. 

« Ces dernières années, on connaît mieux la complexité de la migraine. On sait désormais que la prédisposition génétique repose sur au moins 120 gènes qui contribuent à une susceptibilité aux crises de migraine. Ils codent pour de multiples mécanismes physiopathologiques, neuronaux, vasculaires, du métabolisme du fer, etc. »  

Pr Anne Ducros

De plus, un progrès décisif a été la compréhension du rôle crucial de la petite protéine CGRP dans la céphalée migraineuse, précise la neurologue. Ce neuromédiateur clé est libéré par le nerf trijumeau au moment de la migraine. Il est responsable de son activation et de la douleur. D’où la mise au point récente de nouveaux traitements de crise et de fond spécifiques en rapport avec ce peptide. On a aussi très récemment découvert que la migraine comporte plusieurs phases, et que chaque crise est “préparée” dans le cerveau par une phase très précoce, appelée prodrome, qui peut la précéder de 12 à 48 heures avant l’expression de la céphalée. Déjà, certains petits signes apparaissent, comme une augmentation de la sensibilité au bruit, à la lumière, une baisse de la concentration, une impression d’instabilité, une somnolence, une modification de l’appétit avec une fringale pour des aliments gras et sucrés. Lors du prodrome, on visualise (sur l’imagerie cérébrale fonctionnelle) l’activation de l’hypothalamus, une glande cérébrale, pendant cette phase, jusqu’à 48 heures. Ensuite, la phase céphalalgique à proprement parler dure entre une demi-journée à 3 jours, suivie d’une phase de régression (postdrome), où l’activité cérébrale revient à la normale.

Ces nouvelles thérapies et règles de prescription permettent aujourd’hui de réduire le nombre de migraineux sans solution de soulagement. Cependant, une mise en garde demeure : il est déconseillé de recourir aux antalgiques de niveau 2 et 3 (tels que la morphine, la codéine ou le tramadol) pour éviter les risques de dépendance et d’abus. 

Du nouveau en traitement de crise

Une nouvelle classe de médicaments, les ditans, pourrait bientôt représenter une alternative en cas d’inefficacité ou de mauvaise tolérance des triptans, notamment avec le lasmiditan.  

De plus, des molécules comme les gépants (par voie orale), dont l’ubrogépant et le rimégépant et d’autres en développement vont être mises à disposition pour soulager les crises. Par ailleurs, l’atogépant, en traitement de fond avec une prise continue pour la prévention des crises, est attendu prochainement en France. 

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