Bruxisme : au secours, je grince des dents !

Le bruxisme est le grincement involontaire des dents, de jour comme de nuit. C’est une parafonction manducatrice, c’est-à-dire un mouvement inconscient sans finalité fonctionnelle qui concerne l’appareil masticatoire.  

Le bruxisme est un trouble de la mâchoire difficile à diagnostiquer. Il arrive souvent que les patients n’aient pas conscience du problème, soit en raison de l’absence de symptômes, soit parce qu’ils n’associent pas les conséquences observées avec le grincement des dents. Le patient ne se rend donc pas compte qu’il a besoin de consulter ; or aucun symptôme ne permet réellement de caractériser le bruxisme sans prise de conscience du patient. De plus, cette tension mandibulaire ne s’accompagne pas toujours d’une maladie sous-jacente, ce qui complique d’autant plus le diagnostic.

Il existe deux types de bruxisme :

• Le bruxisme diurne (ou d’éveil) : ce type de trouble survient lorsque le patient serre ou grince des dents au cours de la journée ;
• Le bruxisme de sommeil (ou nocturne) : souvent détecté par un proche, le bruxisme de sommeil se manifeste par des périodes prolongées d’activité musculaire de la mâchoire et des mouvements anormaux au cours de la nuit. 80% des cas de bruxisme sont nocturnes.  

D’autres appellations sont utilisées pour spécifier le type de bruxisme :  

• Le bruxisme est dit « centré » ou « statique » lorsque le patient serre les dents sans bouger la mâchoire. Cela peut provoquer des douleurs musculaires, des maux de tête, des douleurs au cou et aux épaules, des nausées, des douleurs dans l’oreille, un sentiment de déséquilibre et parfois des acouphènes ; 
• Le bruxisme est dit « excentré » ou « dynamique » lorsque les grincements de dents s’accompagnent de petits mouvements latéraux de la mâchoire. Le bruxisme excentré est courant chez les enfants car il aide à l’usure des dents de lait. Les symptômes disparaissent généralement à 13 ans avec l’apparition des dents définitives ;
• Le bruxisme est primaire si la cause demeure inconnue, et secondaire si le bruxisme est causé par des problèmes au niveau neurologique, psychiatrique ou lié à la prise de certains médicaments.  

Notre sujet d’attention se concentre sur le bruxisme dit « centré », qu’il soit diurne ou nocturne, primaire ou secondaire. Très fréquente, cette affection touche indifféremment les hommes et les femmes, les jeunes et les plus âgés.

Le bruxisme est sans gravité, mais peut altérer la santé bucco-dentaire et la qualité de vie des patients.

Au-delà du bruit désagréable que produit le grincement, le bruxisme n’est pas sans conséquences. « Le frottement des dents les unes contre les autres engendre une usure prématurée qui, en plus d’être inesthétique, peut par exemple provoquer une hypersensibilité au chaud et au froid ou une perte d’efficacité de la mastication, précise le professeur Olivier Robin, professeur à la faculté d’odontologie de Lyon. Le fait de serrer les dents peut quant à lui produire des douleurs musculaires, des désordres dans les articulations de la mâchoire, des fractures dentaires ou encore des maux de tête. »

Ces douleurs et maux de tête surviennent en raison de l’endommagement des articulations temporo-mandibulaires, c’est-à-dire l’articulation reliant le crâne à l’os de la mâchoire inférieure. Le bruxisme peut également affecter la respiration, qui devient plus difficile lorsque les dents sont serrées.  

Une prise en charge adaptée à chaque patient atteint de bruxisme peut être proposée par le chirurgien-dentiste. 

À long terme, le grincement de la dent peut significativement altérer la santé bucco-dentaire des patients atteints de bruxisme. Les signes de bruxisme prolongé comprennent :  

• Des douleurs ou tensions ressenties dans la bouche, au niveau de la mâchoire ou des dents ;
• Des difficultés à ouvrir la bouche ;
• Une douleur irradiant au niveau de visage ou des tempes, surtout après une nuit de sommeil ;
• Des maux de tête ou d’oreille ;
• Des dents sensibles, fracturées ou qui semblent bouger ;
• Dans certains cas, l’affaissement progressif des mâchoires et des dysfonctionnements au niveau des articulations temporo-mandibulaires. 

Les causes et facteurs de risque du bruxisme sont variés, souvent multifactoriels et demeurent complexes à identifier. Parmi les causes principales, on retrouve :  

• Le stress et l’anxiété ;  
• Les troubles du sommeil, tels que le syndrome d’apnée du sommeil ;  
• Certains antidépresseurs, tels que la venlafaxine et les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ;  
• La déglutition atypique et une mauvaise position de la langue ;  
• La respiration par la bouche ;    
• La consommation de stupéfiants ;  
• Certaines maladies infectieuses comme la fièvre du Nil occidental.

Le bruxisme se soigne. S’il n’existe pas de solution miracle, il existe plusieurs types de traitements pour réduire voire supprimer l’apparition des symptômes et leur sévérité, adaptés pour chaque patient.  

La bonne nouvelle, c’est que le bruxisme se soigne. S’il n’existe pas de solution miracle, il existe plusieurs solutions de prévention et des traitements pour limiter, voire supprimer les symptômes du bruxisme, notamment l’usure dentaire. La prise en charge peut se concentrer sur les causes, les symptômes du bruxisme, ou les deux.  

Lorsque le bruxisme est secondaire, les causes alors connues peuvent être traitées. Un spécialiste saura vous guider dans les pistes de solutions à envisager qui répondront à votre situation et votre cas précis.  

• Si les causes sont psychiatriques, liées à un stress ou de l’anxiété, une thérapie ou un traitement médicamenteux peuvent être nécessaires ;
• Si les causes sont neurologiques, alors le traitement pourra impliquer la prise en charge des troubles neurologiques sous-jacents ;  
• Si le bruxisme se manifeste en raison de la prise certains médicaments, une réévaluation du traitement médicamenteux peut être envisagée avec un professionnel de santé ;  
• Si l’affection est liée à un syndrome d’apnée du sommeil, alors le traitement consistera à traiter le syndrome d’apnée du sommeil.  

Lorsque le bruxisme est primaire, c’est-à-dire sans cause connue, le traitement se concentrera sur la prévention et le traitement des conséquences observées :   

Lorsque les contractions surviennent le jour, le biofeedback peut se montrer particulièrement efficace. Cette technique consiste à placer des capteurs sur le visage du patient, qui détectent les tensions musculaires.

Le biofeedback aide le patient à reconnaître et relâcher la tension musculaire involontaire lorsque les dents grincent, en repositionnant la mâchoire.  

Le bruxisme a pour effet une usure des dents qui peut nécessiter des dispositifs de protection pendant le sommeil comme la gouttière dentaire. Particulièrement utile lorsque pour les patients qui souffrent de bruxisme au cours de la nuit, la gouttière dentaire a un effet immédiat.    

Pour de nouveau créer un équilibrage correct de la mâchoire, le rééquilibrage de la mâchoire grâce au polissage de l’émail fait partie des soins qui peuvent être utilisés.  

En revanche, elle n’est pas recommandée lorsque l’émail a déjà été fortement impacté.  

Dans certains cas de bruxisme sévères, on peut réduire la force des muscles masticateurs en injectant de la toxine botulique sous contrôle électromyographique. Cette intervention vise à limiter le risque de fractures dentaires, des prothèses ou des implants, ainsi que les dommages aux articulations temporo-mandibulaires, souvent responsables de douleurs importantes.  

Le bruxisme peut sembler anodin, mais nécessite une prise en charge adaptée et individualisée. En adoptant des mesures préventives et en consultant des professionnels de santé, il est possible de minimiser ses effets et de protéger votre santé bucco-dentaire. Si vous pensez être concerné par le bruxisme, n’hésitez pas à en parler à un spécialiste.